Le Mécanisme africain d’évaluation par les pairs et le Bureau du Conseiller spécial des Nations Unies pour l’Afrique appellent à une plus grande inclusion des femmes dans les processus de paix et de sécurité
(New York/Pretoria) : 26 Octobre 2020 – Le Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP) et le Bureau du Conseiller spécial pour l’Afrique des Nations Unies(OSAA) ont appelé à une plus grande inclusion des femmes dans les processus de paix et de sécurité si l’Afrique veut répondre à ses aspirations de développement et jouir d’une stabilité significative.
Pour marquer le 20e anniversaire de la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies, l’OSAA et le MAEP, plaident pour réalisation complète de la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies en Afrique, avec une participation pleine, égale et significative des femmes à la planification et à la domestication des objectifs de développement durable (ODD) aux niveaux local, national et régional grâce au suivi et à l’évaluation efficaces de l’ODD 16 dans le cadre de la Décennie d’action pour réaliser les ODD (2020-2030).
Les directeurs des deux entités, Mme Cristina Duarte de l’OSAA et le Professeur Eddy Maloka du MAEP, ont reconnu les progrès accomplis à ce jour en faveur de l’inclusion des femmes, mais ont souligné qu’il reste encore beaucoup à faire. La résolution 1325 du Conseil de sécurité a été adoptée en octobre 2000 et reconnaît exclusivement le droit des femmes à jouer un rôle de premier plan dans la réalisation de la paix et de la sécurité internationales.
Parmi les jalons atteints par les pays africains au cours des 20 dernières années, la représentation des femmes dans les parlements nationaux a augmenté, en particulier avec la campagne de parité 50:50 de l’Union Africaine (UA) et la politique de genre de l’UA en 2010. Le Rwanda a dépassé cet objectif, avec 64% des sièges parlementaires occupés par des femmes, suivi des Seychelles, du Sénégal, de l’Afrique du Sud et de la Namibie (de 40 à 44%). Cependant, la part des sièges parlementaires dans la moyenne régionale reste faible, à seulement 22,4% pour les femmes et 77,6% pour les hommes, avec une moyenne légèrement inférieure pour les postes ministériels occupés par des femmes.
Avec la pandémie de la COVID-19, la gouvernance, le genre, la paix et le développement sont devenus plus interdépendants que jamais. La pandémie a réduit les gains, laissant les femmes et les filles affectées de manière disproportionnée par son impact socio-économique. Un rapport récent du Secrétariat du MAEP sur la riposte de l’Afrique à la COVID-19, définit l’inclusion des femmes dans la gouvernance et la lutte contre la violence basée sur le genre (VBG), parmi les conditions préalables urgentes pour enrayer la pandémie. En outre, fournir des compétences, des ressources et des fonds aux femmes, en particulier dans les zones fragiles et en conflit, contribuera probablement à éviter de nouvelles catastrophes humaines et à accélérer le relèvement et la reconstruction.
« L’une des leçons importantes tirées du nouveau coronavirus est que les sociétés soumises à un leadership féminin font preuve d’un sens de la transparence et de la responsabilité, essentiel pour atténuer les catastrophes », a déclaré Mme Duarte, tout en félicitant le leadership des 13 femmes africaines ministres de la Santé qui mènent les efforts sur continent pour atténuer les effets de la pandémie de la COVID-19 au niveau national.
Malgré les réalisations notables des femmes africaines, leur contribution aux quatre piliers de la résolution 1325 du Conseil de sécurité, à savoir la prévention des conflits, le maintien de la paix, la résolution des conflits et la consolidation de la paix, doit encore être renforcée. Par exemple, dans 16 processus africains de médiation pour la paix entre 1992 et 2011, seuls deux comptaient 5% de signataires féminins, et seuls trois des 16 processus avaient des femmes médiatrices, selon l’Envoyée spéciale de l’UA sur les femmes, la paix et la sécurité. En outre, les pays africains sont à la traîne dans l’élaboration ou l’adaptation des plans d’action nationaux (PAN) sur la résolution 1325 du CSNU. L’étude du MAEP sur « Gouvernance, genre et consolidation de la paix » révèle que dans certaines régions africaines, seul un quart des pays ont des PAN sur la résolution 1325 du CSNU.
« Les conflits en Afrique nécessitent l’implication des femmes dans les quatre piliers mentionnés, en particulier la prévention des conflits. Le renforcement du rôle des femmes est crucial pour la réalisation des ODD, conformément aux objectifs et aux aspirations de l’Agenda 2063 et de l’Agenda 2030 pour le développement durable », a déclaré le Professeur Maloka.
Bien que les conflits étatiques aient légèrement diminué, la montée des conflits armés non étatiques au cours de la dernière décennie a de graves implications pour la sécurité régionale africaine. En 2018, l’Afrique comptait 14 des 20 États les plus fragiles du monde. En plus de la pauvreté, des inégalités et des défis sociaux dans de nombreux pays africains, la mobilisation des jeunes – y compris des femmes – auprès de groupes extrémistes et terroristes est devenue une tendance phénoménale.
Le MAEP et l’OSAA ont applaudi l’Appel du Secrétaire général des Nations Unies Antonio Guterres pour un cessez-le-feu mondial et ont imploré l’UA, les organes des Nations Unies et les organismes connexes d’aider les pays africains avec les fonds nécessaires pour accroître les compétences, les ressources et les infrastructures des femmes dans les États fragiles et en conflit en Afrique. Cela est conforme au mandat de l’OSAA sur le plaidoyer mondial sur les priorités stratégiques de l’Afrique.
Les deux entités ont exhorté les États membres de l’UA, les organisations de la société civile, le secteur privé, les universités et les organisations multilatérales à renforcer leur collaboration pour favoriser l’adoption de normes de gouvernance spécifique au genre ; Renforcer les capacités et la résilience des femmes; Diffusion des meilleures pratiques et suivi de la mise en œuvre des cibles de gouvernance grâce à la mise en œuvre efficace de l’ODD 5 et de l’ODD 16.
Pour plus d’information, veuillez contacter :
Liziwe Selana, Charge de Communications MAEP sur [email protected]
Matilda Moyo, Spécialiste de l’information, OSAA sur [email protected]
Francois Charlier, Spécialiste de l’information, OSAA on [email protected]
Note aux rédacteurs :
2020 est historique car elle commémore le 75e anniversaire de la création des Nations Unies et le 20e anniversaire de la résolution 1325 du CSNU. C’est aussi l’année de l’Union Africaine pour faire taire les armes, l’année de la maturité de la Décennie des femmes africaines (2010-2020) et le 25e anniversaire du Programme d’action de Beijing (Beijing 25+).
Par conséquent, 2020 est, sans aucun doute, une année pour la célébration des femmes et de la paix. Cette année met l’accent sur les instruments clés et les ODD impliquant des objectifs tels que : l’ODD 5 sur l’égalité des sexes, l’ODD 16 sur la paix, la justice et des institutions fortes. L’ODD 16 répond aux aspirations trois et quatre de l’Agenda 2063, qui visent à promouvoir « une Afrique de bonne gouvernance, de démocratie, de respect des droits de l’homme, de justice et d’état de droit » et à réaliser « Une Afrique vivant dans la paix et dans la sécurité». De la même manière, il convient de noter que l’Aspiration 6 de l’Agenda 2063 appelle à « Une Afrique dont le développement est axé sur les populations, qui s’appuie sur le potentiel de ses populations, notamment celles des femmes et des jeunes, qui se soucie du bien-être des enfants ».
Au cours des deux dernières décennies, les femmes africaines ont franchi divers jalons d’autonomisation aux niveaux politique et économique. Ces réalisations sont évoquées dans l’Acte constitutif de l’Union Africaine (2000), le Protocole de Maputo (2003) et le Protocole de Kampala (2009). Le cadre comprend également la Déclaration solennelle sur l’égalité des sexes en Afrique (SDGEA) (2004), qui a conduit à la nomination d’envoyées spéciales pour les femmes et la Déclaration sur la démocratie, la gouvernance politique, économique et d’entreprise (2002). Cette dernière a établi le MAEP comme un outil d’évaluation par les pairs et de partage des bonnes pratiques pour promouvoir la bonne gouvernance entre les pays de l’UA.
En tant qu’outil d’alerte précoce, l’organisation Africaine pour la promotion de la bonne gouvernance qu’est le MAEP a été désigné lors de la 30ème session ordinaire de l’Assemblée de l’UA tenue en janvier 2018 à Addis-Abeba. En mars 2020, inspirée par le thème de l’UA de faire taire les armes, la 914e réunion du Conseil de paix et de sécurité a réitéré le rôle du MAEP dans le cadre du programme de paix et de sécurité. Le MAEP coordonne des activités avec l’Architecture Africaine de Paix et de Sécurité (APSA) et l’Architecture de Gouvernance Africaine (AGA) pour promouvoir le Programme de Gouvernance, Paix et Sécurité tout en encourageant une plus grande participation des femmes au processus.